Chaque année, la naturopathie fait de plus en plus d’adeptes, à tel point que certains la qualifient aujourd’hui de « médecine générale des approches de soins alternatifs ». Mais à la différence d’une consultation médicale conventionnelle, on peut s’y rendre avant d’être véritablement malade. C’est une forme de thérapie toujours controversée, qu’il convient d’utiliser après s’être extrêmement bien renseigné(e). Voici donc quelques pistes pour faire le point.
Table des matières:
Définition et étymologie
Principes et piliers
Pratiques et techniques
Reglementation
Bienfaits
Histoire et origines
Critiques, risques et contre-indications
Le naturopathe : formation
Interviews
Définition et étymologie :
Il s’agit d’une discipline qui fait partie des médecines non conventionnelles. Pour faire simple, c’est une approche thérapeutique singulière, qui a pour but d’optimiser au maximum la santé et le bien-être de chacun, en utilisant des moyens qui sont qualifiés de « naturels ». Pour cela, on peut par exemple choisir d’adapter notre alimentation, de modifier nos habitudes et/ou notre mode de vie, ou bien encore de recourir à des thérapies alternatives adéquates, comme l’aromathérapie, la phytothérapie, la réflexologie…
Pour mieux comprendre la naturopathie, on peut s’intéresser à son étymologie. En fait, deux origines différentes, mais interdépendantes, peuvent être attribuées à ce terme.
D’abord, le mot « naturopathie » viendrait du latin « natura », qui désigne évidemment la nature, et du grec ancien « pathos », qui renvoie à « ce que l’on ressent », « ce que l’on éprouve ». La naturopathie qualifie donc à la fois le fait de guérir en utilisant les ressources de la nature, mais aussi celui de guérir en suivant la volonté de la nature, en adoptant ses règles et son rythme.
Ce second sens est renforcé par une deuxième interprétation, selon laquelle ce terme viendrait plutôt de l’anglais, où « path » désigne « le chemin », ce qui souligne donc le fait de guérir selon les voies de la nature.
Par conséquent, la nature a bel et bien un rôle fondamental dans le principe de la naturopathie. Elle est à la fois guide et outil, but et moyen.
En tant que médecine non conventionnelle, il existe de multiples définitions et point de vue de cette discipline très complexe. Ainsi, on peut y avoir recours non seulement comme remède pour soulager divers maux, mais aussi comme hygiène de vie quotidienne, ou encore comme thérapie préventive.

Néanmoins, on peut en dégager trois caractéristiques principales, et trois axes d’action très différents. En effet, la naturopathie n’est pas seulement une technique strictement médicale. Bien sûr, son but premier est de soulager, de soigner au moyen de diverses techniques et sciences, mais elle cherche aussi à agir plus profondément, sur la façon même de vivre du patient, ce qui en fait une véritable philosophie.
Il faut donc considérer le patient dans son ensemble, c’est-à-dire que l’on va s’intéresser à ce qu’il ressent sur le plan physique et le plan mental, les plans énergétique et émotionnel, ainsi que sur ses relations avec son environnement.
Finalement, un naturopathe s’efforcera non seulement de délivrer son patient de ses maux, mais il cherchera aussi à restituer et à stimuler les fonctions curatives naturelles de l’organisme, en se fondant sur la vigueur et la force du patient.
Principes et piliers :

En tant que philosophie de vie, la naturopathie, au-delà de chercher à simplement soigner et/ou soulager des symptômes, tend aussi à en comprendre et en guérir les causes, à les prévenir, et surtout à enseigner au patient une hygiène de vie adaptée, pour qu’il soit moins affecté par de futures difficultés.
En outre, il est nécessaire de lui faire comprendre les mécanismes et processus mis en œuvre, à la fois dans notre organisme et dans nos relations avec notre environnement, afin d’atteindre une pleine harmonie avec soi, avec les autres, et parvenir ainsi à un plus grand bien-être.
En fait, même en suivant une hygiène de vie irréprochable, nous sommes constamment exposés à des gênes, à des épreuves qui peuvent être nocives, stressantes, voire traumatisantes. Pour éviter qu’elles n’endommagent notre santé, il faut alors agir et sélectionner une thérapie adaptée à nos besoins.
De même, notre énergie vitale, au cours du temps, va diminuer. C’est un processus normal, au fur et à mesure de notre vieillissement ; mais certains perturbateurs peuvent accélérer ce phénomène, comme par exemple le tabac, l’alcool, les drogues, une exposition prolongée à des produits chimiques, la pollution, le surmenage… La naturopathie va alors permettre au malade de choisir parmi l’une des multiples médecines douces qui la composent pour se soigner.
Cette thérapie repose sur quatre éléments essentiels :
- Ne pas nuire. Cela signifie que le praticien se doit, s’il ne peut guérir tout à fait son patient, d’au moins ne pas lui faire davantage de mal. Autrement dit, il doit l’écouter et ne pas se contenter de supprimer les symptômes visibles, mais bien la cause réelle, pour éviter qu’elle ne réapparaisse autre part, et de manière amplifiée.
- Ecouter le pouvoir curatif de la nature. Ici, on part du principe que le corps humain, comme tous les éléments de la nature, possède son propre pouvoir d’auto-guérison. La naturopathie cherche donc à libérer ces forces insoupçonnées, présente en chacun de nous, et, si besoin est, à détruire les obstacles potentiels qui entravent leur bon fonctionnement.
- Reconnaître et traiter la cause. Une fois identifiée la réelle cause des symptômes, et non pas simplement les symptômes eux-mêmes, il s’agit d’élargir les recherches et de tenter d’éradiquer le mal à la racine, afin de rétablir l’activité naturelle et autonome du métabolisme.
- Instruire. Grâce à la naturopathie, on prend conscience de son corps, de ses capacités, de ses besoins et de ses limites. On apprend à en prendre soin, à l’optimiser. En plus de cet aspect purement physique, on s’intéresse également aux facultés émotionnelles, mentales, spirituelles et énergétiques de chacun.
En partant de cette base, il existe des procédés adaptés à chaque besoin, qui sont traditionnellement regroupés en 10 familles. Parmi ceux-ci, on en compte trois primordiaux, qui sont exploités lors de chaque séance de naturopathie. Ils sont généralement aussi considérés comme indispensables et suffisants pour entretenir, préserver et améliorer sa santé :
- L’exercice physique, ou hygiène musculaire (gymnastique douce, yoga, danse, natation, arts martiaux…)
- L’alimentation (nutrition, diététique…)
- La gestion du mental, le bien-être psychique (relaxation, sophrologie, gestion du stress, courtes psychothérapies…)

Mais parfois, ils ne parviennent pas à tout résoudre. Aussi, les sept autres, s’ils ne sont pas utilisés systématiquement, n’en restent pas moins des procédés essentiels :
- L’hydrologie, qui consiste à utiliser l’eau sous toutes ses formes, à différentes températures, lors d’activités variées (bains, douches, argiles, thalassothérapies, thermalisme…)
- La relaxation, les techniques respiratoires ou pneumologie
- Les techniques vibratoires, qui ont recours à toute forme de rayonnements (solaires, lunaires, longueurs d’ondes), ou de spectres (lumineux ou auditifs)
- Les techniques manuelles ou chirologie, qui sont des formes de massages diverses
- Les techniques de réflexologie, sur les pieds, oreilles, le dos, etc. (shiatsu, méthode de Knap…)
- Les techniques énergétiques, le magnétisme, utilisé de plusieurs manières (notamment avec des aimants par exemple)
- La phytologie, qui tire profit des bienfaits et pouvoirs des plantes, ainsi que de l’aromatologie, soit l’étude des huiles essentielles.
De fait, le principe majeur de la naturopathie consiste tout simplement à être en bonne santé et à le rester, en devenant responsable et acteur de sa santé, dont on prend soin au moyen d’une pluralité de remèdes naturels.
Pratiques et techniques :

Comme on l’a vu, la naturopathie peut être utilisée comme technique préventive d’une part, mais aussi comme outil complémentaire à la médecine allopathique (médecine traditionnelle) d’autre part. Dans ce cas, ces deux types de thérapies s’allient pour combiner leurs différentes visions, toujours dans l’optique de soigner et d’aider au mieux le malade.
Toute consultation s’effectue sur rendez-vous. De plus, tous les praticiens sont différents, avec des spécialités diverses. Aussi, les soins peuvent être dispensés directement, ou bien nécessiter une séance supplémentaire particulière. Il est également possible que votre naturopathe ne soit pas un spécialiste d’une certaine discipline, dont vous avez besoin, et qu’il vous envoie donc vers un(e) expert(e) compétent(e).
La durée de la séance varie en fonction des besoins de chaque patient, mais dure en moyenne environ 60 minutes. Il s’agit essentiellement d’une conversation entre le patient et le praticien, donc aucune tenue ou accessoire particulier n’est requis(e). En tout premier lieu, et idéalement lors de la prise de rendez-vous, le naturopathe vous expliquera sa façon de faire et de penser. Une fois les modalités de la séance expliquées et le rendez-vous pris, sachez qu’une consultation se déroule en trois parties.
D’abord, on effectue un entretien approfondi. Il s’agit tout simplement d’une discussion, de questions que vous pose le spécialiste pour en apprendre davantage sur votre passé, votre histoire, vos antécédents (médicaux évidemment, mais aussi personnels, familiaux et émotionnels), les traitements que vous prenez éventuellement… Attention toutefois, un naturopathe qualifié ne cherchera jamais à modifier ou altérer des prescriptions préalables. Vous discuterez également de votre mode et de votre hygiène de vie, de vos habitudes (alimentaires et physiques), de vos activités (professionnelles et loisirs), de vos relations avec votre entourage, avec votre environnement, de la qualité de votre sommeil, etc.
En clair, vous essayez tous les deux d’établir un profil, de cerner les possibles dérèglements ou gênes dont vous souffrez, afin de comprendre au mieux ce dont vous avez besoin, et de vous accompagner de la manière la plus pertinente possible. Dans ce but, le patient devra avoir pris l’habitude de s’observer attentivement, pour pouvoir répondre de façon adéquate aux questions.
Ensuite, en complément et grâce à cette discussion, on passe à une phase absolument essentielle de la naturopathie : le bilan de vitalité. Aussi appelé « bilan naturopathique », « bilan vital » ou « bilan énergétique », il se distingue du diagnostic, qui peut être seulement posé par un médecin. Le but est de déterminer précisément l’état de votre énergie vitale ainsi que des déséquilibres éventuels dont vous souffrez et la manière dont ils se sont produits, afin de mettre en place un programme adapté et spécifique, pour améliorer votre processus d’auto-guérison.
Ce bilan s’étale sur deux aspects : psychologique et physiologique. Pour le plan psychologique, c’est le dialogue qui sera utilisé. Pour le plan physiologique en revanche, un examen morphologique est réalisé. On utilise pour cela des « méthodes réflexogènes » : iridologie (étude de l’iris), bilan énergétique, étude de plusieurs parties fondamentales du corps (mains, pieds, dos, etc.) et des ouvertures du corps (nez, bouche, oreilles, yeux), prise de pouls…

Un examen physique (taille, poids, etc.) peut également être nécessaire, ainsi que, dans certains cas et en fonction du praticien, un bilan complet sur les minéraux, oligo-éléments et métaux lourds présents dans votre corps.
Enfin, un programme d’hygiène vital (PHV) va être mis en place conjointement. Il s’agit de conseils personnalisés et d’une prise en charge établie au cas par cas, qui ont pour but de modifier les erreurs d’hygiène de vie (alimentaires, physiques, relationnelles, environnementales), de rythme de vie, et de gestion du stress et des émotions, notamment.
Le rôle du naturopathe, à ce moment précis, est d’expliquer de manière claire et détaillée au patient la démarche et le programme mis en place. Il doit être extrêmement attentif, empathique, compatissant, et respecter les traitements que vous suivez déjà. Il doit aussi être capable de vous faire comprendre l’état de votre métabolisme et de votre énergie : pourquoi votre organisme est dans cet état et comment il réagit, quelles sont les sollicitations qui lui sont nocives ou bénéfiques, quelles sont vos carences ou vos excès…
Le PHV, le cas échéant, peut être enrichi de compléments nutritionnels ou de cures temporaires (micronutriments, cures saisonnières…), ainsi que d’exercices ou soins particuliers : sauna, massages, réflexologie, etc., qui suivent les 7 procédés évoqués plus haut.
Réglementation :

La naturopathie est reconnue officiellement par l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, comme « médecine traditionnelle occidentale » depuis 1978, comme par l’UNESCO et par le Bureau International du Travail (BIT), qui agit sous autorité de l’ONU. C’est seulement depuis 1997 qu’elle est reconnue comme « médecine non-conventionnelle » en Europe.
Cependant, elle n’est pas reconnue de la même façon dans tous les pays européens. En effet, la plupart d’entre eux n’en ont pas établi de règlementation précise. Ainsi, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Irlande, en Norvège, au Danemark, aux Pays-Bas et en Suède par exemple, cette thérapie et ses praticiens sont reconnus. Au niveau mondial, la discipline est légalisée en Afrique du Sud, dans le Canada anglophone, en Australie et dans 13 états des Etats Unis.
En France, le métier de naturopathe est toléré, mais n’est pas réglementé. Ainsi, le praticien n’a pas le droit de réaliser un acte médical (diagnostic, intervention, prescription de médicaments). Ce statut est toutefois assez ambigu, puisque même si elle n’est pas reconnue comme activité médicale ou paramédicale, le Ministère de la Santé lui reconnaît une « efficacité sur certains symptômes », et plusieurs études sont financées par des organisations ministérielles pour examiner des « pratiques de soins non conventionnelles ».
Néanmoins, il existe en France plusieurs organisations autour desquelles s’organise la pratique de la naturopathie, comme par exemple la FENA, Fédération Française de Naturopathie ou l’OMNES, l’Organisation de la Médecine Naturelle et de l’Education Sanitaire. Ces deux organisations cherchent à encadrer la pratique de la discipline, et à la faire reconnaître comme médecine à part entière.
Cette acceptation permettrait, entre autres, de faire en sorte que les consultations soient prises en charge et remboursées par la Sécurité Sociale, ce qui n’est pas encore le cas actuellement. Cependant, de plus en plus de mutuelles remboursent totalement ou en partie ces soins, à condition que le praticien soit diplômé.
Finalement, en France, même si la pratique de la naturopathie reste libre, il n’en faut pas moins respecter plusieurs règles : le praticien n’a pas le droit de prétendre être un professionnel de la santé et de porter un titre de médecin pour cette discipline, car eux sont déclarés et sont titulaires d’un diplôme reconnu par l’Etat.
En outre, la pratique de la naturopathie, pour être légale en France, doit suivre les règles juridiques du pays, et le praticien doit s’acquitter des cotisations et impôts correspondants.
Bienfaits :

Tout d’abord, il est important de retenir que la naturopathie n’est en aucun cas supposée remplacer les traitements et/ou suivis des autres professionnels de santé, même s’il s’agit d’une méthode thérapeutique très douce, non-invasive, et qui prône surtout l’évolution vers un mode de vie plus sain.
En outre, comme on l’a vu, plusieurs motifs peuvent être à l’origine du choix de recourir à la naturopathie : d’abord pour soulager des troubles déjà présents et installés, mais aussi pour en prévenir l’apparition et les manifestations.
En tant que thérapie préventive, l’objectif consiste surtout à acquérir une hygiène de vie plus saine, plus équilibrée, et surtout en adéquation avec les besoins et spécificités de chacun. Ainsi, on va tenter de rectifier certains déséquilibres, qui sont parfois installés depuis très longtemps, en comblant certains manques ou en corrigeant certains excès, car ces dérèglements sont souvent à l’origine de troubles plus ou moins importants et gênants dans la vie quotidienne. Ces préventions vont donc pouvoir vous aider à maintenir votre vitalité à flots, et ainsi vous permettre de mieux faire face et lutter contre le stress, la fatigue, le découragement ou les accès ponctuels de déprime par exemple. Elles vont aussi permettre de favoriser l’endurance et la récupération, ainsi que d’accroître votre énergie au quotidien. Elle peut même agir sur la peau, en améliorant sa qualité et son tonus.
Certaines situations, difficiles à vivre, tant au niveau physique que psychologique, peuvent également nécessiter une certaine forme de soutien ou d’accompagnement, que la naturopathie peut fournir. En effet, l’un de ses objectifs principaux est d’accroître la vitalité des individus, élément indispensable à la bonne santé et au bon rétablissement de chacun, ainsi qu’à la lutte contre le stress et la fatigue. En outre, comme elle a aussi pour but de corriger les déséquilibres qui ont entraîné l’apparition de troubles, les risques de rechute diminuent.
Enfin, cette thérapie douce peut aussi aider le corps et l’esprit à se préparer à recevoir certains traitements, ce qui peut aider l’organisme à mieux supporter l’assimilation de certains soins ou remèdes, ainsi que leurs possibles effets secondaires.
En ce qui concerne la guérison ou le soulagement de troubles déjà installés, on peut grâce à la naturopathie apaiser ou amoindrir toutes sortes de gênes ou douleurs. En premier lieu, on peut noter un renforcement du système immunitaire. Non seulement on résiste mieux aux épidémies et aux divers microbes et bactéries, mais on est également en mesure de lutter contre les allergies, qui bien souvent prennent leur source dans une mauvaise réaction du système immunitaire.
Enfin, l’évolution du mode de vie vers une hygiène plus saine, notamment un régime alimentaire plus équilibré, va permettre d’agir directement sur des problèmes physiques : maux de tête, troubles digestifs et hormonaux, diverses douleurs chroniques (l’arthrose notamment, ainsi que différentes douleurs liées à des inflammations), les accès de fatigue chroniques, le syndrome prémenstruel, la ménopause…
La naturopathie peut également accompagner les individus lors de changements ou transitions notoires. Ainsi par exemple, elle peut permettre de lutter contre l’obésité ou bien simplement aider une personne qui souhaite perdre du poids ; elle peut également constituer une précieuse assistance pour les personnes qui souhaitent combattre toute sorte de dépendance, en particulier celle du tabac. En effet, certaines plantes par exemple peuvent calmer le sentiment de dépendance, quand d’autres sont capables de rendre l’étape du sevrage plus facile à supporter. Enfin, la naturopathie pourrait également aider à lutter contre certains troubles de fertilité.
En fait, cette thérapie peut s’adresser à tout un chacun au fur et à mesure des différentes étapes de la vie : elle accompagne les enfants tout au long de leur croissance, aide les séniors à mieux supporter les effets du temps, et soutien les femmes en évitant au maximum les désagréments de la grossesse, tout en leur permettant de mieux récupérer après l’accouchement.
Histoire et origine :
On sait que les origines de la naturopathie, bien qu’assez floues, sont très anciennes. En effet, on note des concepts communs avec certaines médecines pratiquées dès l’Antiquité (médecines égyptienne, chinoise, ayurvédique…), et elle a été décrite de manière très précise par Hippocrate au Vème siècle avant JC, qui la décrit à la fois comme une thérapie, une philosophie et une science humaine.
En fait, la naturopathie a été pratiquée en Occident jusqu’aux environs du début du XXème siècle, date d’apparition des premiers médicaments chimiques qui ont révolutionné la médecine et peu à peu provoqué l’obsolescence des médecines traditionnelles.
Cependant au XIXème siècle, la révolution industrielle dans les pays anglo-saxons et germaniques est accompagnée de l’apparition d’un courant de pensée, l’hygiénisme, dans lequel puisent les racines de la naturopathie moderne. A cette même époque, aux Etats-Unis, diverses conceptions de la médecine, dont certaines en provenance directe d’Europe, se rassemblent et séduisent plus ou moins les pratiquants. C’est dans ce contexte que Benedict Lust, un médecin allemand déjà adepte de médecine non-conventionnelle, émigre aux Etats-Unis et fonde officiellement la naturopathie. Ainsi, on inaugure en 1901, à New York, la première école de naturopathie, qui délivre des diplômes reconnus dans plusieurs états.
Cependant, après un succès plutôt court, la naturopathie commence à décliner dès les années 1930, particulièrement en raison d’une approche plus « scientifique » de la médecine (c’est-à-dire basée sur une approche plutôt chirurgicale et sur les médicaments de synthèse). Désormais, les diplômes décernés par les écoles naturopathiques ne sont plus reconnus, ce qui entraîne la fermeture de nombre d’entre elles.
Néanmoins, on perçoit un retour de la naturopathie sur le devant de la scène depuis les années 1970, en particulier en Allemagne et en Suisse. Cette reconnaissance du public s’accroît peu à peu, et aujourd’hui des écoles proposent à nouveau des formations, qui durent parfois plusieurs années, pour devenir naturopathes.
Critiques, risques et contre-indications:
La naturopathie, même si elle séduit de plus en plus de personnes dans le monde, reste néanmoins très critiquée. Les principaux reproches portent sur son efficacité, et sur les nombreuses dérives qui existent.
Tout d’abord, ses effets ne sont pas vraiment prouvés, principalement à cause du manque d’études sur le sujet. La majorité des études réalisées l’ont été seulement sur la phytothérapie, l’un des domaines prisés et recommandés par la naturopathie. En outre, ses méthodes et son aspect « naturel », arguments majeurs pour promouvoir la discipline, peuvent être contestés. En effet, toute substance est susceptible de provoquer des effets secondaires, qu’elle soit naturelle ou non. Par ailleurs, les produits certifiés « naturels » ne le sont pas toujours : par exemple, les huiles essentielles sont la plupart du temps réalisées en utilisant des produits chimiques, qui peuvent parfois s’avérer dangereux pour la santé.
Le peu de formation médicale des naturopathes est également très critiqué. Ils n’ont en effet la plupart du temps aucune expérience en hôpital ou en clinique. On peut donc craindre la prescription de traitements inutiles, voire dangereux. De plus, le choix de certains malades de ne consulter que des naturopathes peut gêner le diagnostic d’une maladie qui peut être grave, en retarder la prise en charge, et mettre en danger leur santé.
Mais le risque majeur, lorsque l’on souhaite avoir recours à la naturopathie, reste celui des dérives sectaires et du charlatanisme. En effet, comme elle n’a pas été officiellement reconnue par l’Etat dans de nombreux pays, il n’existe pas de cadre ou de définition strictement admis. De plus, même s’il existe des formations privées dans ces pays, aucune institution ne les entoure. Par conséquent, beaucoup d’abus ont lieu, et de nombreuses pratiques obscures se réclament de la naturopathie ; le problème, c’est que certaines d’entre elles sont très dangereuses, et peuvent aller jusqu’à mettre en danger la vie de celles et ceux qui y ont recours.
C’est particulièrement le cas pour tout ce qui concerne les prescriptions alimentaires par exemple, qui peuvent donner lieu à des carences graves. De même, certains usurpateurs peuvent demander à leurs patients de cesser de suivre certains traitements en cours, ce qui peut mettre leur santé en péril.
Afin de pouvoir mieux combattre ces pratiques, la MIVILUDES (Mission Interministérielle de VIgilance et de LUtte contre les DErives Sectaires) a rendu public un rapport qui compile les principales caractéristiques de ces charlatans, dont la consultation est gratuite.
Enfin, la naturopathie étant une pratique douce et non-invasive, il n’en existe aucune contre-indication à proprement parler. Cependant, la pluralité des pratiques regroupées au sein de cette thérapie peuvent, elles, faire l’objet de contre-indications. C’est le cas par exemple de certaines substances utilisées en phytothérapie ou en aromathérapie, de certains aliments, ou bien encore de la pratique de plusieurs exercices physiques, manuels ou bien vibratoires par exemple. Si vous avez le moindre doute à ce propos, n’hésitez surtout pas à en faire part à votre naturopathe ou à votre praticien.
Le naturopathe : formation

Le naturopathe est un thérapeute, certes, mais il est aussi un éducateur. Son statut varie en fonction des pays : dans ceux qui reconnaissent officiellement la naturopathie, ses praticiens sont considérés comme de véritables médecins, au même titre que les médecins généralistes par exemple. Ils peuvent donc poser des diagnostics, prescrire des traitements et pratiquer des interventions mineures, sous réserve que toutes ces actions fassent partie de leur domaine de compétence, bien évidemment.
En revanche, dans les pays qui ne reconnaissent pas officiellement cette discipline, les naturopathes sont davantage perçus comme des « conseillers de santé », et leur champ d’action est plutôt limité.
Néanmoins, quel que soit leur pays, ils sont soumis au secret professionnel et doivent avant tout faire preuve de tact et de pédagogie, car l’une de leur mission fondamentale est d’expliquer aux patients leur démarche, et de leur enseigner une meilleure hygiène de vie, plus adaptée aux spécificités de chacun.
En ce qui concerne leur formation, il n’existe pas de diplôme d’état en France ; par contre, il est possible d’obtenir des diplômes d’établissements privés. La pratique de la naturopathie est donc libre, d’où l’existence de nombreuses dérives. Alors qu’aux Etats-Unis il existe des formations solides et certifiées qui durent jusqu’à quatre ans, en France, la non-reconnaissance de cette thérapie entraîne une très grande pluralité de formations, plus ou moins pertinentes.
Certains organismes peu scrupuleux prétendent ainsi décerner des titres alors qu’ils n’y sont pas habilités ; il faut par conséquent rester très prudent et vigilant lorsque l’on désire se former à la naturopathie. Néanmoins, une formation sérieuse comprendra les enseignements suivants :
- Des cours de sciences médicales (biologie, immunologie, anatomie, physiologie, pathologie…)
- Des cours de médecine clinique (pose d’un diagnostic, reconnaissance des symptômes…)
- Des techniques spécialisées (techniques de gestion du stress, aromathérapie, nutrithérapie, homéopathie, phytothérapie, hydrothérapie, médecines chinoise et ayurvédique…)
Suivant la formation, des travaux de recherches peuvent devoir être menés. La durée et le prix varient en fonction de la qualité de l’enseignement.
Sources :
http://www.naturopathie-en-clair.com/naturopathie-kesako/
https://union-internationale-de-sante-naturelle.fr/reconnaissance-de-la-naturopathie-2018-france-belgique-suisse-canada/
http://www.sante-et-naturopathie.com/pages/naturopathie-definition-et-presentation/
https://lactualite.com/societe/la-naturopathie-est-une-bequille-pourrie/
https://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=naturopathie_th